Interview croisée de deux candidats Saint-Egrèvois appartenant à deux listes aux municipales, malades du Covid-19

[Publié le 15 avril 2020]

Parce que nous devons rester vigilants et connaissons deux personnes candidates à l’élection municipale de St-Égrève atteintes du Covid-19, nous avons voulu vous faire partager leurs témoignages. Sylvie Guinand (45 ans) de la liste EPD et Fabien Cazenave (48 ans) de la liste Proximité, ont bien voulu se livrer à cette interview croisée. Nous les remercions du fond du cœur pour avoir joué le jeu et leur souhaitons surtout le meilleur rétablissement possible. 

EPD Comment allez-vous ?

SG : « Mieux maintenant, mais encore fatiguée quand même, le médecin m’a dit qu’il fallait bien trois semaines pour récupérer après les derniers symptômes »

FC : « Pas trop mal même si j’ai encore des séquelles et que je ne peux toujours pas courir. Je suis très vite essoufflé, ma capacité de concentration n’est pas encore au niveau d’avant la maladie. Clairement se pose, pour beaucoup de patients, la question de récupérer leurs facultés physiques et psychiques à 100% de ce qu’elles étaient avant les premiers symptômes »


Comment pensez-vous avoir été contaminé ?

SG : «  A partir du début du confinement, je suis restée comme tout le monde chez moi. Je ne me suis pas vraiment protégée dans le sens où je n’ai eu que très peu d’interactions avec d’autres personnes, autres que ma fille, qui vit avec moi. J’étais en télétravail et donc je ne croisais personne. L’une des hypothèses les plus probables, mais sans certitude, est d’avoir contracté le virus en allant faire les courses. Au départ, je les faisais sans masque, comme la majorité des gens, et parce que je n’en avais pas. Lors de ces moments, j’ai le souvenir d’avoir dû demander à plusieurs personnes de respecter un minimum de distance entre nous. »

FC : « Je m’étais déjà confiné après le 1er tour car j’avais des inquiétudes sérieuses sur la possibilité d’être infecté, ayant été le dimanche 15 mars toute la journée ou presque, au bureau de vote de La Monta, en tant qu’assesseur. Je me sentais plus exposé que le reste de la population. Je faisais gaffe à tout pendant l’élection pour les votants, à bien désinfecter le matériel de bureau de vote etc. »


Quels ont été les 1ers symptômes puis les suivants ?

SG : « Les 1ers symptômes ont commencé vers le 14 avril. J’ai d’abord eu des vomissements, des maux de tête, je respirais aussi moins bien mais étant asthmatique, je n’y ai d’abord pas vraiment prêté attention. A partir du 20 avril, les maux de tête et la fièvre se sont accrus fortement, de même que les difficultés respiratoires. Ayant eu une pneumopathie en 2003, ce symptôme ne m’a pas non plus beaucoup alerté même si oui, j’étais vraiment très fatiguée. J’ai été sous doliprane pendant toute cette période. Ma situation a commencé à vraiment s’améliorer à partir du 6 mai, juste à temps pour fêter mon anniversaire le lendemain. [rire]

Les autres symptômes, telles que les courbatures de la tête au pied, ont aussi fini par disparaître voilà seulement quelques jours. J’avais l’impression d’être un hérisson avec ces épines dressées sur son corps, sauf que là, les épines s’enfonçaient plutôt dans tout mon corps, tout était sensible, comme quand on pique avec des aiguilles. J’ai eu des sacrées courbatures ! Un jour, quand même, j’ai été très inquiète pour mes poumons. Je respirais vraiment moins bien, mais de manière générale, je ne m’inquiète jamais très vite. Demain je retourne chez le médecin et je vais faire un test de respiration et un autre pour savoir si je suis enfin négative au Covid-19. Ça mettrait fin à ma quarantaine, mais de toute façon, encore aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup la force de sortir, j’espère en tous les cas que le test sera quand même négatif ! »

FC : « Les 1ers symptômes sont apparus le 21 mars avec au départ une perte de l’odorat, une légère toux et fièvre … rien de très significatif pour moi. Une semaine après, ma situation s’est très vite dégradée avec une très grosse fièvre, une énorme fatigue, j’étais à mi-chemin entre une période d’éveil et de sommeil. A J+10 des premiers symptômes, c’est simple, je n’arrivais plus vraiment à trouver la force et l’envie de manger, je ne grignotais que quelques biscuits. A J+12, l’ambulance est venue me chercher quand après une téléconsultation, je n’étais plus en capacité de bloquer ma respiration plus de 3 secondes ! En fait, c’est fou, mais tu t’habitues à respirer de moins en moins bien, cela est progressif et quand tu atteins la limite de tes capacités vitales, tu te rends compte que t’es dans la m… Moi qui suis sportif, ça m’a fait penser à la natation après une très grosse distance parcourue où tu es à la limite de te noyer et que tu es au minimum de ta marge de manœuvre, tu as, à peine, de quoi respirer, tu tousses…et tu n’as pas intérêt à ce moment-là, à paniquer !

J’ai passé la première nuit aux urgences sur un brancard, le temps de s’assurer que le test Covid-19 était bien positif, pour ensuite intégrer l’unité Covid du CHU. Je suis resté à l’hôpital 10 jours. Pendant toute cette période, j’étais sous oxygène, avec des relevés de mon état tous les 4 heures.

J’ai été volontaire pour intégrer le programme de recherche Discovery qui consiste à tester des molécules susceptibles d’avoir des effets positifs sur ce virus. Au bout de 3 ou 4 jours j’allais déjà mieux, même si j’avais encore de la fièvre et des nausées. Je n’étais plus en grande détresse respiratoire. Mon prochain RDV pour vérifier ma capacité respiratoire et détecter d’éventuelles séquelles de mes poumons est prévu le 3 août 2020. Autant dire que beaucoup de personnes atteintes du Covid-19 ont toujours une insuffisance respiratoire et que la régénération complète de nos poumons ne semble pas être à 100% acquise pour l’instant. »


Avez-vous pu vous isoler pour éviter de contaminer vos proches ?

SG : « On n’est sûr de rien, je sors tout juste de cette maladie, ma fille n’a pas été testée car il n’y avait pas de tests encore disponibles pour les membres de familles vivant avec une personne malade du Covid, mais dans la mesure du possible, j’ai fait attention.»

FC : « J’ai fait super gaffe à tout car je vis avec plusieurs personnes à la maison et j’avais aussi comme angoisse que ma maman l’attrape car elle a 72 ans, elle est à risque et vit en mitoyenneté de mon domicile. Par conséquent, je touchais uniquement les objets et emballages, le linge ou les ustensiles de cuisine pour les mettre ensuite à la poubelle, à la machine à laver ou au lave-vaisselle. Je faisais extrêmement attention à me laver les mains et à ce que je touchais, Je ne prenais pas de vaisselle propre moi-même. Les seuls objets que je m’autorisais à manipuler, c’était ma guitare et mon PC. C’est une habitude à prendre et pourtant, jusqu’à présent, je n’étais pas un maniaque au quotidien. »


Pourquoi n’est-ce pas une maladie comme les autres ?

SG : « Au départ, je considérais que c’était un peu comme attraper la grippe, mais ensuite il y a trop d’incertitudes et d’inconnues : on ne sait pas combien de temps ça va durer, comment cela va évoluer. On ne sait pas si on peut contracter de nouveau ce virus lors d’une deuxième vague ou si on est vraiment immunisé. Franchement, une fois que l’on passe par cette expérience, on n’a pas envie du tout d’être de nouveau testé positif, surtout après l’état de fatigue dans lequel on se trouve actuellement. »

FC : « Non y a plein de trucs qui nous indiquent que ce n’est pas une maladie comme les autres. D’abord, c’est très contagieux. Ensuite, la vitesse à laquelle ton état peut se dégrader et tes symptômes évoluer, est extrêmement rapide, tu passes d’une légère fièvre au fait d’être cloué au lit et pour longtemps… Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi long à récupérer. Monter un escalier est toujours une épreuve, tu le fais doucement.

Un autre aspect est la perte de goût et d’odorat. Je suis sorti de l’hôpital le 10 avril et je n’ai pas encore retrouvé toutes mes facultés gustatives et olfactives. C’est vraiment long à revenir mais petit à petit, ça revient. Je galère par exemple avec le vin entre du Bordeaux, du Bourgogne ou du Côte du Rhône [rire]. Tout cela nécessite une véritable rééducation. Hier on a bu un Château Neuf du Pape avec un client, il a fallu que je prenne un deuxième verre pour retrouver un peu le goût ! »


Le système de soins a-t-il répondu à vos attentes ? Comment a été la prise en charge ?

SG : « Je suis restée chez moi, j’ai attendu que ça passe et quand la toux et la fièvre se sont accélérées, j’ai appelé le numéro vert 0800 30 800. J’ai eu un échange avec un médecin qui m’a confirmé que j’avais sûrement le Covid-19 et qu’il fallait que je continue comme cela, c’est-à-dire rester chez moi et appeler le 15 au cas où les symptômes évoluaient négativement. J’ai aussi été en contact avec mon médecin généraliste que j’ai vu physiquement hier. »

FC : « La prise en charge a été au top. J’ai fait le 15, puis après, j’ai été suivi tous les jours par téléphone par Covid-Adom. Ils t’appellent tous les jours pour surveiller tes symptômes et prendre de tes nouvelles, surtout pendant la période critique où ton état peut évoluer dans le mauvais sens (entre le 7ème et 10ème jours). A l’hôpital, j’ai eu une très bonne prise en charge aussi. »


Qu’avez-vous appris sur vous en attrapant ce virus ? 

SG : « Très personnellement, ça apprend l’essentiel : tu penses à ta famille, à tes proches, à la d’où tu viens, à des trucs profonds. J’ai une grande envie de me ressourcer dans ma région d’origine, la plus belle, Le Champsaur dans les Hautes-Alpes.»

FC : « Tu relativises l’importance de beaucoup de choses, comme être plus attentif à ses voisins, à les aider, l’entraide prend tout son sens !

Comment allez-vous aujourd’hui ? Sur une échelle  de 1 à 10, à combien estimez-vous être par rapport à avant la maladie ?

SG : « 5 ou 6 ! Mais, il  y a encore quelques jours, j’aurai répondu 0,5 car on se sent vidé. »

FC : « 6 ! Ou un gros mi-temps ! »

Un conseil ?

SG : « Il faut mettre son masque et que tout le monde puisse très vite en disposer, c’est la priorité ! »

FC : « Il faut rester rigoureux sur l’hygiène, notamment en lavant régulièrement ses mains, d’abord pour les autres, c’est un effort collectif important. Ça me fait toujours bizarre que des gens de gauche ne fassent pas ces efforts individuels alors qu’ils servent à tous. »

Est-ce que ça vous a fait changer d’opinions politiques ?

SG : « [Rire] Ça les a renforcés plutôt ! D’ailleurs, j’ai quand même eu le temps de visionner des rediffusions sur Arte, et franchement, je vous conseille le téléfilm sur Marx… -:) Sinon, sur l’aspect politique et sur notre système économique, pour « les jours d’après », je pense que beaucoup est à reconstruire, les richesses qui sont créées doivent aller en direction du service public et donc par exemple de l’hôpital. Comme  à chaque fois en période de crise, les pauvres sont les plus touchés, mais ici en France, notre système assurantiel collectif et de redistribution (indemnités chômage, protection sociale..) ne sont pas si mauvais que cela, ils sont encore de vrais amortisseurs et doivent donc être renforcés plutôt que détricotés. »

FC : « Non pas vraiment ! Je suis juste plus pressé qu’avant de voir plus de projets avancer. Par exemple, sur le vélo : avant on devait s’excuser de devoir prendre un peu plus de place sur l’espace public pour se déplacer à vélo ! Le curseur a bougé avec cette crise, on peut faire avancer rapidement beaucoup plus de choses, notamment en matière de mobilité propre. On se rend donc compte qu’on peut faire de vrais efforts collectifs, ça fait partie des bonnes nouvelles. »

Interview téléphonique réalisée par L. Amadieu le 14 mai 2020

Un modèle socio-économique à réinventer

  • Où va notre modèle économique actuel ?

La crise sanitaire que nous traversons nous dirige indubitablement tout droit vers une crise économique majeure et planétaire. L’ennemi invisible, si petit soit-il, qu’est ce micro-organisme vient de réussir à confiner plus de 3 milliards de personnes dans le monde et à stopper une grande partie de notre économie. Dans les prochains mois, des conséquences désastreuses pour le monde de l’emploi et de l’entreprenariat vont émerger, chômage de masse, disparition de petites et moyennes entreprises essentielles au fonctionnement de notre système socio-économique, si imparfait soit-il. La question fondamentale est de savoir si cette crise aurait pu être évitée et si un autre modèle de société nous en aurait préservé ou s’il s’avère urgent d’en inventer un autre ?

Durant des décennies, nous avons vu se développer un modèle économique basé fondamentalement sur la compétition entre les Etats, les entreprises et les hommes. Aujourd’hui, les conséquences de ce néolibéralisme sont multiples : l’enrichissement démesuré d’une minorité au détriment du plus grand nombre (les 1% les plus riches gagnent plus que 50% des habitants les plus pauvres), la destruction de notre biosphère, le développement d’une société toujours plus individualiste et des remises en cause permanentes des acquis sociaux des salariés durement obtenus par nos ainés.

Prenons un exemple simple et d’actualité : au moment même où le premier Ministre proposait à l’Assemblée nationale son plan de déconfinement, la question de la fabrication des matériels de protection à destination du grand public posait question.

En France, en ce début 2020, moins de 60 sites industriels pharmaceutiques sont en capacité de produire les médicaments indispensables aux services de réanimation et moins de 30 entreprises en Auvergne Rhône-Alpes ont pu transformer une partie de leur production pour répondre à la commande des 20 millions de masques pour les habitants de la région.

Depuis plus de trente ans, les firmes pharmaceutiques et leurs sous-traitants ont préféré délocaliser leur production dans des pays en voie de développement (principalement en Inde et en Chine) pour bénéficier d’une main d’œuvre meilleur marché dans un monde fortement concurrentiel et où une partie des bénéfices doit remonter aux actionnaires.

Ce modèle économique mondialisé doit nécessairement être revisité pour faire de nos territoires, des modèles de résilience face à des risques majeurs tels que le risque sanitaire ou climatique.

  • Comment reprendre le pouvoir sur le modèle économique actuel ?

Devenons nous continuer à baisser les bras et à nous résigner ou au contraire, relever enfin le défi de transformer notre modèle socio-économique actuel ? Que dirons-nous à nos enfants et petits-enfants ? Que nous avions connaissance du désastre environnemental et sociétal annoncé mais que, par manque de motivation ou pour conserver notre petit confort de court terme, nous avons fait le choix de ne pas agir ? Car il est certain que nous pouvons faire autrement, rapidement et ensemble.

Nous sommes tous acteurs et partie prenante des modes de production et de consommation qui régissent notre mode de vie. Nous avons le pouvoir de faire évoluer les choses, et ce pouvoir se traduit par notre façon de consommer les biens matériels et immatériels. Nous devons tous devenir des consommateurs raisonnables et raisonnés. En clair, nous devons muter en « consomm-acteurs » intelligents et responsables. Pour avoir un effet de masse et peser sur le monde de la finance et des lobbyings industriels, il faudra rechercher des changements de comportement par de l’accompagnement et de la pédagogie, mais aussi aider les ménages les plus démunis par une meilleure redistribution des richesses.

La crise sanitaire actuelle a pour effet de nous obliger à repenser les solidarités au sein des territoires et de générer de nouvelles formes de coopérations économiques (par exemple l’utilisation des médias pour rapprocher les consommateurs des producteurs, des commerçants et des artisans locaux.

Avec cette crise sanitaire, Il y a eu clairement un regain d’engouement pour les produits locaux, notamment alimentaires, vendus sur les marchés. En raison notamment du fait que les gestes barrière sont plus difficilement applicables dans des espaces fermés, comme les grandes surfaces qui concentrent plus de personnes et de produits, donc potentiellement plus de risques de transmission du virus. Et surtout, les consommateurs recherchent la qualité et la traçabilité des produits vendus.

L’acte d’achat est donc un vecteur qui permet de faire changer notre modèle économique de production, de filières et de distribution. L’idée de consommer moins, mais de meilleure qualité et si possible en circuit court est la solution à beaucoup de nos problèmes actuels (meilleure connaissance de l’origine et de la traçabilité des matières premières, process de fabrication préservant mieux l’environnement et plus économe en énergie, plus grand respect des droits des travailleurs, coopérations plus importantes entre territoires voisins et  entreprises locales). L’augmentation de plus de 27% de la consommation de produits issus de circuit court durant cette crise inédite, prouve qu’il est tout à fait réalisable de changer de direction.

A côté de l’acte d’acheter, le pouvoir politique peut aussi agir sur la manière de produire en développant par exemple l’éco-conditionnalité des aides publiques ou des règles pour produire propre ou anticiper le recyclage de nos objets du quotidien grâce à l’éco-conception etc…

Une question se pose à nous : ce regain pour les circuits courts est-il une réaction temporaire à la crise, ou est-ce l’amorce d’un phénomène de fond, qu’il s’agira de d’accompagner et d’amplifier ?

Le modèle envisagé et partagé par de plus en plus de citoyens, d’économistes, d’entreprises et de politiciens, porte un nom : l’économie résiliente !

Vers une économie plus résiliente ?

Pendant de trop nombreuses années, les territoires se sont livrés à une compétition effrénée pour attirer toujours plus d’entreprises. Pour ce faire, il a fallu développer des infrastructures de plus en plus conséquentes (zones d’activités économiques de plusieurs dizaines d’hectares prélevées sur des terres agricoles). Les créations de ces zones ont poussé les collectivités à s’endetter sur des dizaines d’années. Ce phénomène a eu pour effet une forte spécialisation des activités et la concentration des industries et activités tertiaires à haute valeur ajoutée au sein des métropoles, quand les territoires périurbains et ruraux ont souvent hérité des activités industrielles secondaires et présentielles à plus faible valeur ajoutée. Ce modèle de spécialisation des activités par territoire (exemple Grenoble – micro-électronique – recherche – nanotechnologie)  a poussé bon nombre d’autres communautés de communes périphériques à orienter leur stratégie économique dans la captation des revenus des grandes métropoles et moins dans la production de fortes valeurs ajoutées endogènes.

Il est temps de repenser les modèles de développement économique au sein de nos territoires (certains ont commencé à le faire, d’autres sont encore dans l’attentisme). Nous devons sortir de cette logique de « gestionnaire d’espaces » pour se diriger vers un modèle de « gestionnaire de réseaux ». Mais il s’agit également de sortir d’une gestion administrative trop verticale (Etat/Région/Intercommunalité/commune/partenaires territoriaux), pour tendre vers une gouvernance partagée, pour une meilleure intelligence collective.

L’actuelle crise du Covid-19 doit obliger les territoires à moins raisonner en termes de croissance économique qu’en termes de capacité à s’organiser en réseaux et à se connecter aux territoires voisins. Les communes ou groupements de communes ont travaillé dans leur coin en espérant obtenir des opportunités offertes par la mondialisation. Mais de plus en plus, les perspectives de développement sont réduites et les revenus bloqués, ralentissant les mobilités professionnelles et l’ascenseur social et générant de plus fortes inégalités.

Pour inverser la tendance, il faut dorénavant privilégier la notion de production locale avec une distribution au plus près du « consomm-acteur ». Pour ce faire, il faut repenser l’ensemble des chaines de valeur en intégrant, à tous les stades, les différents acteurs socio-économiques et développer un écosystème capable d’amortir les ondes de chocs liées à la mondialisation.

Sur la commune de Saint Egrève et au sein de la Métropole, il est tout à fait opportun de travailler en synergie avec l’ensemble des territoires voisins, ayant par exemple suffisamment de terres cultivables pour nourrir les métropolitains. Repositionner la commune, comme élément central de proximité, capable de porter des initiatives locales,  d’assurer la bonne gestion des biens communs et, avec la métropole, de garantir une juste redistribution des richesses générées. L’intercommunalité de son côté doit avoir comme objectif de lancer une véritable coopération inter-territoriale, en ayant au préalable identifié dans son écosystème ses forces et ses faiblesses, afin de co-construire un modèle résilient avec les intercommunalités voisines.

Le numérique occupera une place centrale dans le développement de cet écosystème résilient, car il permet de rapprocher aisément les potentiels clients, des producteurs locaux. L’émergence des différentes plateformes pour soutenir nos agriculteurs locaux et nos commerces de centre-ville sont des exemples parlants de ce qui est réalisable avec les outils numériques actuels. Pour augmenter sensiblement, dans le cadre d’une gestion en réseaux, les interactions entre les différents acteurs, la digitalisation de l’économie va vraisemblablement transformer profondément nos organisations territoriales et par voie de conséquence, l’organisation actuelle de notre modèle économique et social.

Un déconfinement à risque zéro?

[ Publié le 14 mai 2020 ]

Le déconfinement se met en place avec beaucoup de réticences. Réouverture des commerces, reprise des productions, reprise très controversée des écoles…

On entend beaucoup cette critique, en particulier à propos de l’école : « C’est uniquement pour des raisons économiques. La sécurité doit passer avant tout ! ».

La sécurité totale ? Appliquons-nous ce principe à notre vie quotidienne ?

Tous, nous acceptons un risque mortel lorsque nous l’estimons (à tort ou à raison !) peu probable devant le plaisir attendu :

– Une cigarette ? Au moins 60 000 morts par an en France très directement liés au tabac

– Une nourriture trop grasse, trop sucrée, trop salée ? 5 à 10 millions de morts par an dans le monde !

– Une activité de plein air ? Les chutes en VTT, les avalanches, noyades,… tuent chaque année des centaines de personnes.

On peut multiplier les exemples.

Certes, la situation avec le Covid est différente et nous empêche d’évaluer le risque, même de façon subjective. Les incertitudes médicales restent énormes à ce jour. Y a-t-il vraiment une immunité durable ? Y a-t-il un effet saisonnier ou peut-on espérer une extinction naturelle du virus ? Ou au contraire une deuxième vague, peut-être encore plus virulente, est-elle possible, probable?

La poursuite de l’arrêt des activités à cause du risque sanitaire nous enfonce dans un chaos économique de plus en plus sévère. Les « raisons économiques » ne sont pas seulement les dividendes ou les bénéfices des entreprises.

Les employés ont absolument besoin de leur salaire. L’Etat peut fournir un revenu de remplacement pendant un certain temps. Mais la monnaie créée ne remplace pas les biens ou les services qui ne sont pas produits, et dont chacun a pourtant besoin : nourriture évidemment, mais aussi tout ce qui fait notre vie, logement, santé, vêtements, déplacements, loisirs, etc.

On peut argumenter sur les besoins, et il est vrai que certaines activités devront à terme diminuer dans une société plus écologique, mais ce changement ne peut être que progressif. La production de biens et services recommencera dans un premier temps plus ou moins dans le cadre existant.

Une position raisonnable compte tenu de ce que l’on sait, et surtout de ce que l’on ignore, est qu’il nous faudra donc vivre [(et mourir ?)] avec le virus. On peut limiter les dégâts, mais il est illusoire de penser que l’on va éradiquer le Covid dans les mois qui viennent car traitement et vaccin devraient être longs à venir.

Évidemment, les précautions élémentaires recommandées en termes de distance et d’hygiène doivent être suivies par tous car c’est une protection collective autant qu’individuelle, que l’on pourrait comparer au code de la route. Le déclin actuel de la pandémie montre leur efficacité.

La question, débattue jusqu’à épuisement, est de savoir à quel niveau de précaution on s’arrête. Malgré la dimension collective incontestable de ces précautions, on ne peut que s’en remettre à des choix individuels qui équilibrent le risque perçu et la contrainte acceptée, comme nous le faisons dans les autres choix de vie en prenant une voiture, en mangeant des gâteaux, en faisant du VTT, …

Est-il raisonnable de couper des personnes très âgées, malades, de tout contact avec leurs proches pour les empêcher à tout prix de mourir du Covid ?

Est-il raisonnable de remettre à l’école des petits de 5 ans en les empêchant de toucher les jeux, les livres, leurs copains…Alors qu’à la maison ils vont jouer avec leurs voisins et manipuler tout ce qui est à leur portée, et alors que tous les spécialistes s’accordent sur le danger bien plus faible pour les enfants.

La Suède a fait le choix de laisser la responsabilité aux citoyens, en leur indiquant les précautions à suivre sans les infantiliser, et en ne posant qu’un minimum d’interdictions légales. A ce jour, le résultat en termes de nombre de cas et de décès par habitant est meilleur que dans bien des pays plus directifs. Soyons honnêtes, la chance a pu aussi jouer en leur faveur, car on observe d‘étonnantes variations régionales à toutes les échelles. Et, nous savons aussi que les ménages unipersonnels sont plus importants en Suède que chez nous, ce qui limite aussi la propagation du virus d’un individu à un autre.

Il est possible que d’ici l’arrivée d’un traitement et/ou un vaccin, la mortalité par Covid devienne une composante normale, comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires et toutes les autres contre lesquelles nous luttons depuis toujours. Et d’ailleurs, la somme des causes devant toujours faire 100%, l’émergence du Covid diminuera la mortalité par cancer et infarctus…!

Il nous faut trouver un équilibre dans le niveau de précaution qui permette à la vie de se poursuivre dans des conditions satisfaisantes :

  • production des biens et services dont nous avons besoin (et c’est bien l’occasion de réfléchir à trier ces besoins selon leur importance !) ;
  • niveaux de revenus liés au travail ou solidarités institutionnelles assurant à tous la possibilité de vivre dignement ;
  • relations chaleureuses malgré des contacts physiques moindres ;
  • loisirs et développement personnel, art, culture, sport…

Et surtout il nous faut rester modeste et accepter que l’évolution de la pandémie rendra peut-être nécessaires des retours en arrière.

Bref, peut-être pourrez-vous trouver cela un peu direct, mais néanmoins nous devons nous rendre à l’évidence, notre condition est de mourir un jour. Par des précautions acceptables et des changements de comportements, il nous faut contenir le Covid, et considérer ce que l’on n’arrive pas à maîtriser comme un facteur de mortalité parmi les autres. Ce serait pire encore de le laisser nous étouffer par la peur, dans l’illusion d’un risque nul impossible à atteindre.

Cela nous fera un bon entraînement pour les changements nécessaires pour lutter contre le réchauffement, menace à moyen terme bien plus grave ! Pas de vaccin contre le réchauffement, mais un traitement est bien connu : la transition énergétique !

Et si on mettait autant de moyens en œuvre contre le réchauffement que contre le Covid ?

Les étudiants et le Covid-19

[Publié le 13 mai 2020]

Si le gouvernement français avait déjà bien égratigné le droit fondamental à l’éducation publique et gratuite en augmentant les frais de scolarité universitaires et plus, en en limitant l’accès via le système ParcourSup, la crise du coronavirus n’a rien amélioré. Tous les secteurs ont été mis à l’arrêt pendant le confinement, et celui de l’éducation supérieure n’a pas été épargné.

Le statut des étudiants les plus précaires s’est dégradé ; beaucoup ont perdu leurs jobs étudiants qui leur permettaient de survivre, et le faible montant de l’aide de l’Etat, allouée aux quelques chanceux bénéficiaires, ne suffira pas à masquer les difficultés réelles supportées par les jeunes.

Leurs conditions d’études ont été bien mises à mal. Certains cours magistraux ont parfois pu être aménagés, donnés en version écrite numérique ou en visioconférence, mais les travaux dirigés ont souvent été simplement annulés. Les cours en visioconférence posent d’ailleurs un problème commun à l’éducation de tout âge, celui de l’accès au numérique qui entraine une distanciation entre étudiants encore plus sévère. Certains syndicats étudiants universitaires ont d’ailleurs demandé l’annulation des partiels « en ligne » au profit du contrôle continu, à l’image de ce qui a été fait pour les BTS.

En période de confinement, et avec la situation actuelle de stress sanitaire, s’intéresser à des  cours en ligne est parfois difficile. Certains étudiants ne s’habituent pas au rythme et à la rigueur que demande ce type d’exercice, d’autres n’ont pas le cadre et le calme nécessaires pour étudier qu’ils retrouvaient dans les bibliothèques universitaires en d’autres temps.

Selon un sondage réalisé auprès de 4580 étudiants en droit, 94% d’entre eux estiment que le confinement a eu un impact sur leur santé mentale, 1 étudiant sur 2 a connu une période dépressive pendant le confinement et 1 étudiant sur 10 avoue même avoir besoin d’un soutien psychologique. Selon cette même étude, 62% des étudiants se sentent plus anxieux et 58% sont plus tristes. (www.pamplemousse-magazine.co/post/covid19-etudiant-periode-depressive-confinement).

Beaucoup s’inquiètent de leur avenir.

Pour certains, le manque d’information est compliqué à gérer, notamment au sujet des modalités d’examens qui ont complétement changé en quelques semaines, anéantissant leurs révisions précédentes (d’une dissertation à un QCM à points négatifs, d’un cas pratique à un oral en visio, etc…), et augmentant leur peur de rater leurs examens.
Pour les étudiants ERASMUS, partis vivre une expérience internationale, c’est souvent un rapatriement forcé.

Pour d’autres c’est un stage pratique de fin de cursus qui a été écourté ou exécuté dans des conditions éloignées du réel, en télétravail.

Parmi les étudiants en fin de cursus universitaire, beaucoup se questionnent sur la valeur de leurs futurs diplômes auprès des professionnels, compte tenu des conditions dans lesquelles ils les auront obtenus.

Marie, qui habite au Pont-de-Vence, est en deuxième année d’école d’infirmière. Pour elle, être obligée d’être devant l’écran à des horaires fixes, et le manque de relations sociales avec ses copines et ses formateurs a été compliqué.

Ses partiels ont aussi été chamboulés. Certains examens sont devenus des travaux de groupe à réaliser par internet, en visio, dans un temps limité. Des examens pratiques sont devenus théoriques : « au lieu de réaliser une transfusion sanguine, on a dû expliquer chacune des étapes par cœur, selon des photos que l’examinateur nous montrait. Ça a été beaucoup plus difficile ».

Pourtant, si les étudiants espéraient leur cauchemar terminé à la fin de l’année scolaire, le gouvernement a déjà annoncé que la rentrée universitaire 2020 ne serait pas reportée, mais que les enseignements à distance seraient maintenus pour éviter les amphithéâtres bondés.

A terme, les étudiants devront donc s’habituer à un nouveau type d’apprentissage ; loin des campus et des relations sociales permises par l’enseignement en présentiel. Il sera alors du devoir du gouvernement de prendre en compte cette détresse psychologique ressentie par les étudiants du fait de leur isolement et de l’enseignement à distance, pour trouver une solution plus saine, afin de préserver la santé mentale de tous, tout en maintenant les moyens de lutte contre le coronavirus.

L’état d’urgence tend à devenir permanent

[Publié le 08 mai 2020]

Que se passera-t-il après ? Il faudrait pouvoir penser que le virus disparaîtra subitement comme il est apparu. Or il est probable que ce ne sera pas le cas. Si le virus perdure et reste présent dans l’environnement, il nous faudra apprendre à vivre avec. 

Des voix s’élèvent pour identifier les carences de la société révélées par la pandémie et proposer des

solutions : la voie ouverte à de nouvelles solidarités, un système de santé soutenu par l’Etat garant d’une vraie reconnaissance du personnel soignant, le redéploiement du service public, la relocalisation du secteur industriel dans des domaines stratégiques comme les médicaments, les tests, la fabrication de masques, une agriculture saine et locale, l’encouragement des déplacements en vélo, une meilleure prise en compte de la dépendance et la transformation du modèle actuel des EPHAD.

Les jours d’après seront-ils les jours du télétravail ? La SNCF l’encourage, pour pouvoir assurer la distanciation entre les voyageurs dans ses rames et demande aux employeurs des plages horaires étendues pour limiter l’affluence aux heures de pointe. 

Le personnel soignant sera-t-il entendu ? Il dénonçait depuis des années le sous-effectif, les budgets en baisse, les suppressions de lits hospitaliers (15% des lits ont été supprimés durant ces 15 dernières années), la tarification à l’acte, le management de la performance et l’hôpital géré comme une entreprise avec des objectifs de réduction de coûts. 

L’état d’urgence sanitaire est, peut-être, un mal pour un bien. Dans tous les cas, il est de notre devoir de prendre du recul et d’interroger ses fondements et sa légitimité. Il est défini par « un régime de crise, dont le caractère exceptionnel justifie la liberté donnée à l’administration (préfets et ministre de l’Intérieur) de prendre des mesures susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés des individus ». Cet état provisoire du droit en France autorise donc la mise en place tout un ensemble de mesures d’exception. Par exemple, la police et la gendarmerie peuvent verbaliser toutes les nouvelles infractions aux manquements à la loi d’urgence sanitaire. Avec le prolongement de deux mois supplémentaires de l’état d’urgence et le début de la période de déconfinement qui s’amorce, la possibilité est désormais ouverte aux agents de sécurité assermentés dans les transports en commun d’exercer le pouvoir de verbalisation pour une infraction, comme l’absence de masque. L’extension des pouvoirs de verbalisation à toute une série d’agents est inédite. De la même manière, en un temps record, il est aujourd’hui possible de créer un fichier des personnes contaminées, chose impossible dans le droit français « ordinaire » et tout à fait inimaginable il y a seulement quelques mois. Enfin, en quelques jours, le droit du travail a connu beaucoup d’entorses sous couvert de devoir répondre à la situation de crise.

A l’état d’urgence sécuritaire mis en place après les attentats et qui a duré presque deux ans, succède maintenant l’état d’urgence sanitaire…

Des mesures d’exception qui devaient rester provisoires rentrent insidieusement dans le droit commun et pourraient nous pousser vers une démocratie illibérale, c’est-à-dire une démocratie où les libertés fondamentales passent derrière le soi-disant intérêt de la Nation Ces démocraties illibérales se développent de plus en plus à travers le monde, notamment en Europe de l’Est.

Doit-on ainsi brader systématiquement, comme cela s’est pratiqué ces dernières années, les libertés individuelles contre un niveau de sécurité (non garanti) plus élevé ?

Dans sa dernière allocution le Président parle de jours heureux. Le programme de gouvernement

proposé par le Conseil National de la Résistance était intitulé… »Les jours heureux ».

Ceux d’après la victoire de 1945. Ce programme définissait un nouveau contrat social au sortir de la guerre avec la création de grandes sociétés publiques, un secteur public permettant de garantir les besoins fondamentaux au plus grand nombre, de nouveaux droits pour les travailleurs, un système de retraite par répartition et la création de la sécurité sociale. Il a tenu quatre décennies puis a été régulièrement attaqué par les gouvernements qui se sont succédés.

Eux aussi habitent Saint-Egrève… !

[Publié le 07 mai 2020]

Le temps du confinement fut le temps de la décélération et un moment unique pour observer la faune et la flore depuis chez nous parfois, ou à l’occasion de cette fameuse autorisation de sortie d’une heure maximum par jour. En vous promenant le long de la Vence pendant ce printemps, avez-vous rencontré le cincle plongeur ? C’est un petit oiseau très vif qui vole au ras de l’eau pour rejoindre les cailloux où il se perche pour observer le fond. Noir et brun au cou blanc, il est parfois appelé « Merle d’eau ».

Il a une étonnante particularité : il plonge et marche au fond des ruisseaux en s’y accrochant avec ses griffes pour rechercher des larves et autres petites proies. En été, il remonte vers des lieux plus frais, on ne le voit plus à Saint-Egrève.

Avez-vous également observé en hiver les clairières au-dessus de l’usine Teledyne-E2V, que les anciens Saint-Egrèvois appellent encore « l’usine Thomson », la première usine de semi-conducteurs en France, dans les années 50 ? On y voit souvent des mouflons, parfois des cerfs, et même des chamois, qui doivent détenir le record de la plus basse altitude, vers 300 m ! Ces endroits escarpés leur assurent la tranquillité, et il n’est pas rare de voir plusieurs espèces brouter côte à côte dans l’indifférence…

Ces espèces citées ne sont que quelques exemples d’hôtes vivant à Saint-Egrève ou à nos portes. Nous aurions pu tout autant parler des rapaces qui nichent sur les falaises du Néron tel le milan noir ou la chouette ou tout simplement rendre hommage à des espèces communes présentes sur notre ville : hérissons, grenouilles, renards, sangliers et autres écureuils.

Quelle chance de pouvoir profiter d’un tel spectacle à nos portes !

A l’avenir, serons-nous capables de prendre en compte dans nos politiques publiques cette richesse inestimable et de réussir a minima à préserver cette faune ? Nous aurons besoin pour cela d’être inventifs, de changer nos pratiques et de renforcer la nature en ville en développant par exemple les corridors écologiques et en maîtrisant au mieux le foncier.

Sport et Confinement

[Publié le 30 avril 2020]

Un bon mois déjà que beaucoup ont recours aux applications, aux vidéos des divers spécialistes de préparation physique, aux programmes de yoga…..et j’en passe….  et à la difficulté de suivre correctement – en se concentrant à fond pour ne pas faire un mouvement de travers qui pourrait provoquer un «effet indésirable» – s’ajoute cette sensation probablement curieuse pour beaucoup d’entre nous, de pratiquer du ”sport entre quatre murs”, chez soi ! Et voilà que l’on retombe sur la bonne vieille question de ”pourquoi pratique-t-on un sport ?”; pour arriver probablement à remettre en question une des réponses classiques : ” pour le bien-être physique et mental”.

Comme dans d’autres domaines, certaines prises de conscience de phénomènes qui ont pourtant toujours existé, émergent. Peut-être les bénéfices cognitifs du sport, mis en évidence depuis fort longtemps par divers chercheurs, nous frapperaient-ils à présent que ce confinement nous oblige à élargir nos réflexions ; alors qu’auparavant de nombreux gestes du quotidien auraient été perçus comme étant évidents.

En soulignant l’attention visuelle et verbale nécessaire si l’on doit effectuer tel ou tel mouvement correctement devant une vidéo, sans se faire mal – le feedback cognitif qui l’accompagne, avec un résultat potentiellement terrible si on loupe ce feedback, suivi par la nécessité de rectifier son geste* – je donne juste un exemple de l’énergie cognitive mise en route dans certaines pratiques du sport. Prise de conscience nouvelle ou pas ? Qu’importe !

*Par exemple, faire certains mouvements répétés sans être suffisamment gaînés au moment de les faire, pourrait provoquer des douleurs au dos, pas forcément dans l’immédiat !

A côté de ce phénomène des ”sportifs quatre murs,” il peut y avoir des «pratiquants» qui vont finalement opter pour poursuivre le sport à l’extérieur, avec l’idée de le garder comme vecteur d’ouverture vers autrui – avec tout ce que cela impliquerait au plan social : croiser d’autres personnes …. Et oui ! Le sport  aurait également cette valeur-là ; et on l’aurait peut-être également «oublié» ; ou l’aurait-on peut-être pris comme «un acquis» en période A.C (”avant confinement”) ? A présent, serions-nous en passe de ré-apprécier cette valeur-là ?

Et oui, pour celles et ceux qui ont décidé d’emblée de mettre la règle de la ”sortie sur un rayon d’un kilomètre autour de son domicile pour une activité physique” au service de leur bien-être, peut-être ont-elles/ils découvert ou re-découvert d’autres perceptions de leur voisinage. Peut-être ont-elles/ils découvert maintes autres nouveautés ?

En effet, pour ma part, j’ai fait un certain nombre de découvertes : certaines très agréables, d’autres un peu moins… mais peu importe… C’est essentiel dans la vie si on veut aller de l’avant – le changement de perceptions, et de ce fait, de perspectives – comme valeur non-négligeable. Parmi les ‘agréables’, je pourrai citer ma découverte (et je souligne que c’est personnel) de la valeur du petit tronçon de la Vence qui se trouve dans ”mon petit rayon d’un kilomètre” : non seulement du côté social, observant des échanges, certes brefs et à 1m/1m50 de distance entre personnes probablement auparavant totalement inconnues les unes des autres ; mais également le petit charme du côté de la nature. Je mettrais ma main au feu que les petits colverts qui y vivent, deviennent de plus en plus «hardis», se montrant de plus en plus ! Bien entendu, cela pourrait ne correspondre qu’à une simple impression, comme ce n’était pas dans mon habitude de les observer dans le calme. Peu importe… très sympathique comme sensation !

Et pour le fun – je voudrais partager un autre petit bénéfice rigolo (plutôt cognitif) que ce ”sport et confinement” a apporté à la non-matheuse que je suis :

En voulant continuer un peu la pratique de course à pieds que je mène depuis un certain temps – alternant footing et exercices fractionnés spécifiques, impliquant des distances et des temps spécifiques, sur une semaine – j’ai voulu mesurer des distances de 200, 400 et 800 mètres, alors que c’est interdit d’aller sur le stade. Que faire ?

Astuce – se servir d’un panneau pédagogique de vitesse pour les voitures lorsque l’on  passe devant en jogging, en relevant sa vitesse à pied (combien on court à l’heure ! ). Ensuite, avec un chronomètre, repérer un tronçon de chemin (toujours le long de notre jolie Vence) ;  faire une règle de trois et … bingo !… on a nos distances marquées ! Et pour l’anecdote, une amie enseignante m’a souligné le fait qu’on aurait tendance à oublier le lien concret qu’il peut y avoir entre l’enseignement des mathématiques et la vie réelle !

Allez les sportifs ! Bonne continuation de la pratique du sport, avec ou sans le choix de poursuivre des réflexions liées à ce contexte bien étrange. Quoiqu’il en soit, il y a des chances que l’idée fondamentale des ”bienfaits physiques et mentaux”, demeure au cœur de celles-ci.

Vous avez-dit « personnes âgées » ?

[Publié le 29 avril 2020]

Personnes âgées, seniors, retraités, troisième âge, vieux, anciens, babyboomers…autant de mots pour désigner des classes d’âges très diverses…Fort heureusement, nous avons changé d’époque et l’image du papi ou de la mamie forcément grabataire a vécu.

Le contexte actuel et les questionnements liés au déconfinement ont mis en exergue des catégories de populations, des personnes très différentes que l‘on qualifie souvent abusivement de fragiles.

En effet, que ce soit à 65, 70, 80 ans … ou plus, nous, les « personnes âgées » continuons à prendre toute notre place dans notre environnement. Dans notre milieu familial, nous prenons régulièrement en charge nos petits-enfants et, dans le même temps, pour certains d’entre nous, accompagnons nos parents plus âgés. Dans le domaine de l’économie sociale, nous jouons un rôle essentiel pour la prise en compte des enjeux sociétaux et sociaux, et nous sommes très actifs, militants, voire indispensables dans le monde associatif. Avides de culture et d’enseignement, nous sommes nombreux à mettre à profit notre temps libéré pour étudier, lire, nous cultiver, faire du sport, …

Après quelques jours d’angoisse à l’idée de rester confinés beaucoup plus longtemps que d’autres, certains d’entre nous ont appris avec soulagement que l’on allait les « libérer » en faisant appel à leur … responsabilité ! Il ne s’agit plus de chercher à savoir si l’âge fatidique est 65 ou 70 ans, ouf ! Responsables donc, nous devons être responsables …

Déjà, durant ces quelques semaines passées à rédiger des autorisations de sorties, nous avons eu le sentiment de demander des permissions, d’être infantilisés et nous avons « ronchonné » contre ces contraintes nouvelles qui nous étaient données, tout en ayant conscience des enjeux. 

Voici maintenant une étape nouvelle : à partir du 11 mai, il va falloir que nous prouvions que nous sommes…responsables. Plus agé-es que d’autres catégories de la population, mais tout autant responsables, peut-être plus même ?

Ces dernières semaines ont pu nous faire prendre conscience de notre avancée en âge que, peut-être, nous avions tendance à ne pas regarder en face. Mais, une chose est sûre, elles n’ont pas remis en cause notre volonté de continuer à être actifs, en toute responsabilité, bien sûr !

Faire la classe à la maison, facile ou pas facile ?

[Publié le 24 avril 2020]

Jeudi 12 mars 2020, 20h. Alors que le collectif Ensemble pour demain débute son meeting de fin de campagne dans le cadre des élections municipales, le Président de la République annonce la fermeture des crèches et de tous les établissements scolaires. Cette mesure prise précipitamment pour essayer d’endiguer la propagation du coronavirus laisse beaucoup de parents sidérés : comment occuper les enfants pendant ce confinement ? Comment allier activité professionnelle et école à la maison ? Comment ne pas prendre de retard dans les apprentissages scolaires ?

Sans préparation, les professeurs doivent, dans des délais records, s’adapter à une nouvelle façon de travailler pour accompagner leurs élèves à distance. Certains, qui ont une utilisation occasionnelle des outils numériques, prennent en main des applications complexes de visioconférence pour permettre de garder le contact avec les élèves et pour les accompagner afin de poursuivre des apprentissages à distance. Les enseignants se mettent en réseau pour échanger des modalités d’enseignement innovantes pour assurer cette continuité pédagogique. Beaucoup d’entre eux doivent aussi concilier télétravail et la garde de leurs enfants. Grace au travail de ces professionnels de l’Education Nationale, ils maintiennent un accrochage scolaire pour la plupart des élèves et renforcent autant que possible le lien avec les familles. (Les parents se rendent alors compte de la complexité du métier d’enseignant et de la qualité de leur expertise.)

Pour les parents, c’est aussi une situation inédite qui nécessite de revoir à 100% l’organisation familiale entre travail et suivi des enfants.

Pour les enfants et les jeunes scolarisés, c’est au début de l’annonce du 12 mars « un cri de joie » pour beaucoup d’entre eux qui imaginaient déjà être en vacances prolongées et la réalité au fil des jours d’une continuité éducative scolaire bien réelle, pas toujours optimale mais tout de même assurée.

Nous avons demandé à ces principaux acteurs de l’école à la maison de témoigner de leur quotidien. Paroles de Saint-Egrèvois parents :

  • « Nous avons 5 enfants, j’ai cessé mon activité professionnelle pour les garder, pendant que mon épouse télétravaille. Elle doit articuler des temps de travail pour réunir les personnels en visioconférence, prendre des décisions, ajuster les actions en cours… Dans le même temps, il est important qu’elle puisse prévoir des créneaux pour être pleinement disponible pour les enfants pour les rassurer, les écouter et les occuper. La gestion des tâches du quotidien, de l’école à la maison et du télétravail n’est pas toujours aisée. En ce qui me concerne je suis plus particulièrement « l’école à la maison » qui s’organise au fur et à mesure des semaines… Dans la matinée, un rythme se met en en place avec un temps de classe, une récréation dans le jardin puis de nouveau du travail scolaire. Nos enfants s’engagent plus ou moins facilement dans le travail en fonction de leur âge, mais chacun finit par s’y mettre sérieusement. Du travail est régulièrement envoyé par les enseignants et les enfants utilisent également les documents numériques disponibles sur le site du CNED. Pour nous, parents, ce n’est pas si simple de s’improviser enseignants, pédagogues. Quelques difficultés techniques viennent aussi émailler ces matinées : il nous faut parfois partager le matériel numérique lorsqu’il y a deux audioconférences de professeurs en même temps, je dois souvent partir à la recherche du travail à faire sur la plateforme numérique Pronote du collège, il faut anticiper pour imprimer les fiches à l’avance…Les relations sociales avec les copains manquent à toute la famille mais globalement nos enfants apprécient de travailler à la maison. Un rythme s’est progressivement construit et chacun a trouvé sa place. Les après-midis sont plus calmes. Les enfants sont ravis de passer des moments agréables avec nous pour cuisiner, bricoler, jardiner ou visionner des films. Les plus grands se remettent au travail pour compléter, approfondir une notion pendant que les petits courent et s’amusent dans le jardin. A 20h, nous avons pris l’habitude d’applaudir tout le personnel mobilisé pour cette crise sanitaire. Les enfants jouent de la musique, des liens se   créent avec les voisins de la rue d’en face. Puis chacun va se coucher de manière échelonnée. »
  • « Je dois continuer à travailler dans le bâtiment malgré le confinement. Ma femme est seule toute la journée avec nos quatre enfants. Elle est originaire d’un pays étranger et ne parle pas bien le français. Elle fait de son mieux pour expliquer le travail scolaire à nos enfants car elle est consciente des enjeux pour eux, mais certaines notions sont difficiles et nos enfants risquent de décrocher malgré le soutien de leurs professeurs. Ma femme utilise son smartphone pour les devoirs des plus petits mais la lecture des fiches envoyées par l’école n’est pas aisée sur un téléphone. L’ordinateur de la maison est monopolisé par les plus grands pour accéder aux devoirs donnés par le collège, mais notre forfait téléphonique ne nous permet pas toujours de nous connecter à la classe virtuelle pour avoir les explications des professeurs. »

Paroles de Saint-Egrèvois enfants :

  • « En ce moment nous pouvons passer plus de temps avec nos parents, mais pendant les semaines passées nous n’étions pas en vacances, même si nous avons pu nous lever plus tard que d’habitude ! Nous sommes en CM2 et en 6e. Nous travaillons le matin jusqu’à midi, et l’après-midi nous pouvons continuer à apprendre ou faire d’autres activités, comme cuisiner, dessiner, lire, jouer à la console, sortir dans le jardin pour prendre l’air… Mais de temps en temps nous nous ennuyons car nous ne pouvons plus voir nos copines. C’est plus compliqué de travailler seule qu’en classe avec nos professeurs parce que nous ne pouvons pas travailler en groupe et nous ne pouvons pas poser de questions aux    professeurs. Nos parents ne nous expliquent pas forcément comme à l’école. Nous devons         apprendre à nous débrouiller toutes seules pour nous organiser, pour classer nos cours. Des   professeurs nous appellent pour prendre des nouvelles et ils organisent des leçons en vidéo. Les exercices sont plus faciles à faire quand nous avons du temps. Au début du confinement, nous avons eu du mal à trouver notre rythme pour travailler, mais nous nous sommes adaptées. Nous avons pris des habitudes pendant cette période, il va falloir bientôt les modifier pour retourner à l’école et au collège. »
  • «  Je suis en 5ème au collège Chartreuse. Les profs donnent plus de contenu de travail qu’à l’école parce que pour une heure de cours normale, il y’a vraiment une heure de travail. En classe, on fait peut-être seulement 30 minutes de vrai travail et le reste du temps, on pose des questions au professeur qui y répond. Sinon je trouve l’école à la maison bien car on est chez soi, même si maintenant, après plus d’un mois de confinement, je préfèrerais quand même retourner à l’école pour voir mes copains. Enfin, je préfère par contre manger à la maison car les plats sont bien meilleurs qu’à la cantine !

Paroles de Saint-Egrèvois professeur des écoles :

  • « Pour ma part, j’ai trouvé le télé travail intéressant, instructif. Pour certains enfants dont les parents sont équipés en informatique et désireux de  suivre la scolarité de leurs enfants, le confinement est plutôt positif.  On a pu leur proposer des activités  “moins scolaires” : des énigmes, des défis, des exposés, des écoutes musicales, des arts visuels… En tant qu’enseignant, on avait plus de temps pour nos recherches. Certains ont vraiment joué le jeu et on fait preuve d’un travail sérieux. Après, honnêtement, les élèves en difficulté ont eu du mal à suivre le rythme des activités et n’étaient pas très présents : peu de retours, niveau communication et travail. Je pense que le télé travail renforce les inégalités sociales. »

Le 13 avril, le président s’adresse de nouveau aux français et annonce une deuxième phase du confinement : à partir du 11 mai, les établissements scolaires pourront ouvrir progressivement en respectant des mesures sanitaires strictes.

Au regard des inégalités provoquées par ce confinement dans les apprentissages des élèves, il nous paraît absolument nécessaire que les services de la ville, en lien avec l’Education Nationale, puissent travailler rapidement à l’accueil du plus grand nombre d’enfants en gardant une distanciation sociale. Cet accueil devra se faire dans les écoles, mais aussi peut-être dans des gymnases, des centres de loisir, des bibliothèques pour leur proposer des activités de qualité. Il faudra accueillir en priorité les enfants les plus éloignés de l’école et ne disposant pas des outils numériques nécessaires à la continuité pédagogique., Aux dernières nouvelles, c’est le flou artistique concernant ce point car, d’un côté, l’Elysée souhaite que la priorité aille aux enfants « les moins autonomes et les plus en difficultés », de l’autre,  le ministre de l’Education Nationale a affirmé que le retour à l’école ne serait pas obligatoire et que les parents pourront décider ou non d’y envoyer leurs enfants. Par ailleurs, dans l’hypothèse où ce seront les élèves en grande difficulté qui reprendraient le chemin de l’école, pour éviter la concentration d’élèves en rupture dans les classes, il faudra tout de même veiller à une certaine mixité sociale.

Quoiqu’il en soit, pour beaucoup de parents, la reprise du travail sera nécessaire et la garde des enfants indispensable !

Nous ne pouvons pas attendre que les directives viennent d’en haut. En effet, le ministre de l’Education Nationale a expliqué que les collectivités territoriales bénéficieraient « d’une grande souplesse » pour organiser l’accueil des enfants. Il est maintenant nécessaire d’anticiper, d’envisager différents scénarios, de mobiliser toutes les énergies pour réussir cette deuxième phase dans l’intérêt du plus grand nombre. Nous ne doutons pas que les services de la mairie travaillent déjà aux modalités  de l’après confinement et tentent de répondre à plusieurs questions : quels sont les locaux disponibles pour l’accueil des enfants ? Comment faire des activités physiques sans contact avec les ETAPS ou les animateurs sportifs des clubs ? Comment jouer de la musique en respectant les gestes barrières ? Comment désinfecter les livres et le matériel utilisé par les enfants dans les différentes structures de la commune (bibliothèques, MJC, Association familiale…) ? Quels marquages au sol doivent être réalisés pour avoir des repères visuels, pour permettre la mise en place des sens de circulation ? …

Chaque métier de la petite enfance et de l’enfance doit se réinventer pour tenir compte des contraintes importantes de la crise sanitaire. Les enfants doivent comprendre et mettre en place les gestes barrières quel que soit leur âge. Pour cela, des routines, des jeux et des lectures doivent être imaginés ou sélectionnés. Pour ce faire du matériel doit sans doute être commandé.

Certains personnels communaux en fragilité ne pourront probablement pas reprendre leur poste. Toutefois, dans un contexte de forte mobilisation citoyenne, des bénévoles devront probablement être recrutés pour venir en renfort dans certaines structures, pour accueillir les familles, faire du soutien scolaire ou assurer la logistique.

Nous avons de la chance dans notre ville : les employés municipaux sont nombreux, créatifs, investis  et compétents. Certains travaillent déjà ardemment à la réouverture de leur structure. Nous ne doutons pas qu’ils sauront relever ce défi avec l’aide de toute la population de Saint Egrève.

Pour que ce projet soit cohérent, un pilotage fort des élus municipaux doit se mettre en place pour articuler et organiser ce déconfinement progressif. Laurent Amadieu, en lien avec le collectif « Ensemble pour demain », participe à la « cellule de veille COVID 19» à la mairie et va œuvrer énergiquement dans ce sens.

Inégaux face à la maladie

La pandémie s’étend sur la planète et la pression s’accroit sur les chercheurs pour qu’ils trouvent le vaccin ou les remèdes miracles. 

Parmi les victimes du coronavirus, une grande majorité de personnes est en surpoids ou obèse, avec pour conséquences de l’hypertension et/ou du diabète. En cause, une alimentation industrielle trop grasse, trop sucrée, trop salée, hypercalorique, qui détruit la flore intestinale et ses microbiotes. La proportion de gens en surpoids augmente d’année en année en France, comme dans le reste du monde. Ce sont près de deux milliards d’individus sur la planète qui sont concernées, autant de personnes rendues vulnérables au virus. Les populations défavorisées sont les plus touchées par ce phénomène. Les produits transformés et les sodas avec des prix attractifs rendent addictifs les consommateurs. Malheureusement pour les Etats-Unis, avec  40 % des Américains adultes touchés par l’obésité, il est à craindre que ce pays connaissent un nombre très élevé de décès lié au Covid-19, notamment parmi les moins de 50 ans.

L’agriculture intensive et l’industrie agroalimentaire détruisent la biodiversité un peu partout sur la planète. Elles sont une menace sur l’environnement et la santé humaine avec les intrants, les pesticides, les OGM qu’elles utilisent de façon intensive. Il devient urgent de développer une alimentation plus saine pour prévenir les pathologies liées à l’obésité, facteur de comorbidité associé au Covid 19.

Pour cela, il faut développer une agriculture de proximité de manière à ce que nous puissions tous avoir accès à des produits de qualité à des prix abordables. Sur l’agglomération grenobloise, il reste des terres agricoles à préserver pour cela. A Saint-Egrève, il nous appartiendra de les identifier et de les utiliser au mieux pour du maraichage ou des jardins familiaux, collectifs ou pédagogiques.