Interview croisée de deux candidats Saint-Egrèvois appartenant à deux listes aux municipales, malades du Covid-19

[Publié le 15 avril 2020]

Parce que nous devons rester vigilants et connaissons deux personnes candidates à l’élection municipale de St-Égrève atteintes du Covid-19, nous avons voulu vous faire partager leurs témoignages. Sylvie Guinand (45 ans) de la liste EPD et Fabien Cazenave (48 ans) de la liste Proximité, ont bien voulu se livrer à cette interview croisée. Nous les remercions du fond du cœur pour avoir joué le jeu et leur souhaitons surtout le meilleur rétablissement possible. 

EPD Comment allez-vous ?

SG : « Mieux maintenant, mais encore fatiguée quand même, le médecin m’a dit qu’il fallait bien trois semaines pour récupérer après les derniers symptômes »

FC : « Pas trop mal même si j’ai encore des séquelles et que je ne peux toujours pas courir. Je suis très vite essoufflé, ma capacité de concentration n’est pas encore au niveau d’avant la maladie. Clairement se pose, pour beaucoup de patients, la question de récupérer leurs facultés physiques et psychiques à 100% de ce qu’elles étaient avant les premiers symptômes »


Comment pensez-vous avoir été contaminé ?

SG : «  A partir du début du confinement, je suis restée comme tout le monde chez moi. Je ne me suis pas vraiment protégée dans le sens où je n’ai eu que très peu d’interactions avec d’autres personnes, autres que ma fille, qui vit avec moi. J’étais en télétravail et donc je ne croisais personne. L’une des hypothèses les plus probables, mais sans certitude, est d’avoir contracté le virus en allant faire les courses. Au départ, je les faisais sans masque, comme la majorité des gens, et parce que je n’en avais pas. Lors de ces moments, j’ai le souvenir d’avoir dû demander à plusieurs personnes de respecter un minimum de distance entre nous. »

FC : « Je m’étais déjà confiné après le 1er tour car j’avais des inquiétudes sérieuses sur la possibilité d’être infecté, ayant été le dimanche 15 mars toute la journée ou presque, au bureau de vote de La Monta, en tant qu’assesseur. Je me sentais plus exposé que le reste de la population. Je faisais gaffe à tout pendant l’élection pour les votants, à bien désinfecter le matériel de bureau de vote etc. »


Quels ont été les 1ers symptômes puis les suivants ?

SG : « Les 1ers symptômes ont commencé vers le 14 avril. J’ai d’abord eu des vomissements, des maux de tête, je respirais aussi moins bien mais étant asthmatique, je n’y ai d’abord pas vraiment prêté attention. A partir du 20 avril, les maux de tête et la fièvre se sont accrus fortement, de même que les difficultés respiratoires. Ayant eu une pneumopathie en 2003, ce symptôme ne m’a pas non plus beaucoup alerté même si oui, j’étais vraiment très fatiguée. J’ai été sous doliprane pendant toute cette période. Ma situation a commencé à vraiment s’améliorer à partir du 6 mai, juste à temps pour fêter mon anniversaire le lendemain. [rire]

Les autres symptômes, telles que les courbatures de la tête au pied, ont aussi fini par disparaître voilà seulement quelques jours. J’avais l’impression d’être un hérisson avec ces épines dressées sur son corps, sauf que là, les épines s’enfonçaient plutôt dans tout mon corps, tout était sensible, comme quand on pique avec des aiguilles. J’ai eu des sacrées courbatures ! Un jour, quand même, j’ai été très inquiète pour mes poumons. Je respirais vraiment moins bien, mais de manière générale, je ne m’inquiète jamais très vite. Demain je retourne chez le médecin et je vais faire un test de respiration et un autre pour savoir si je suis enfin négative au Covid-19. Ça mettrait fin à ma quarantaine, mais de toute façon, encore aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup la force de sortir, j’espère en tous les cas que le test sera quand même négatif ! »

FC : « Les 1ers symptômes sont apparus le 21 mars avec au départ une perte de l’odorat, une légère toux et fièvre … rien de très significatif pour moi. Une semaine après, ma situation s’est très vite dégradée avec une très grosse fièvre, une énorme fatigue, j’étais à mi-chemin entre une période d’éveil et de sommeil. A J+10 des premiers symptômes, c’est simple, je n’arrivais plus vraiment à trouver la force et l’envie de manger, je ne grignotais que quelques biscuits. A J+12, l’ambulance est venue me chercher quand après une téléconsultation, je n’étais plus en capacité de bloquer ma respiration plus de 3 secondes ! En fait, c’est fou, mais tu t’habitues à respirer de moins en moins bien, cela est progressif et quand tu atteins la limite de tes capacités vitales, tu te rends compte que t’es dans la m… Moi qui suis sportif, ça m’a fait penser à la natation après une très grosse distance parcourue où tu es à la limite de te noyer et que tu es au minimum de ta marge de manœuvre, tu as, à peine, de quoi respirer, tu tousses…et tu n’as pas intérêt à ce moment-là, à paniquer !

J’ai passé la première nuit aux urgences sur un brancard, le temps de s’assurer que le test Covid-19 était bien positif, pour ensuite intégrer l’unité Covid du CHU. Je suis resté à l’hôpital 10 jours. Pendant toute cette période, j’étais sous oxygène, avec des relevés de mon état tous les 4 heures.

J’ai été volontaire pour intégrer le programme de recherche Discovery qui consiste à tester des molécules susceptibles d’avoir des effets positifs sur ce virus. Au bout de 3 ou 4 jours j’allais déjà mieux, même si j’avais encore de la fièvre et des nausées. Je n’étais plus en grande détresse respiratoire. Mon prochain RDV pour vérifier ma capacité respiratoire et détecter d’éventuelles séquelles de mes poumons est prévu le 3 août 2020. Autant dire que beaucoup de personnes atteintes du Covid-19 ont toujours une insuffisance respiratoire et que la régénération complète de nos poumons ne semble pas être à 100% acquise pour l’instant. »


Avez-vous pu vous isoler pour éviter de contaminer vos proches ?

SG : « On n’est sûr de rien, je sors tout juste de cette maladie, ma fille n’a pas été testée car il n’y avait pas de tests encore disponibles pour les membres de familles vivant avec une personne malade du Covid, mais dans la mesure du possible, j’ai fait attention.»

FC : « J’ai fait super gaffe à tout car je vis avec plusieurs personnes à la maison et j’avais aussi comme angoisse que ma maman l’attrape car elle a 72 ans, elle est à risque et vit en mitoyenneté de mon domicile. Par conséquent, je touchais uniquement les objets et emballages, le linge ou les ustensiles de cuisine pour les mettre ensuite à la poubelle, à la machine à laver ou au lave-vaisselle. Je faisais extrêmement attention à me laver les mains et à ce que je touchais, Je ne prenais pas de vaisselle propre moi-même. Les seuls objets que je m’autorisais à manipuler, c’était ma guitare et mon PC. C’est une habitude à prendre et pourtant, jusqu’à présent, je n’étais pas un maniaque au quotidien. »


Pourquoi n’est-ce pas une maladie comme les autres ?

SG : « Au départ, je considérais que c’était un peu comme attraper la grippe, mais ensuite il y a trop d’incertitudes et d’inconnues : on ne sait pas combien de temps ça va durer, comment cela va évoluer. On ne sait pas si on peut contracter de nouveau ce virus lors d’une deuxième vague ou si on est vraiment immunisé. Franchement, une fois que l’on passe par cette expérience, on n’a pas envie du tout d’être de nouveau testé positif, surtout après l’état de fatigue dans lequel on se trouve actuellement. »

FC : « Non y a plein de trucs qui nous indiquent que ce n’est pas une maladie comme les autres. D’abord, c’est très contagieux. Ensuite, la vitesse à laquelle ton état peut se dégrader et tes symptômes évoluer, est extrêmement rapide, tu passes d’une légère fièvre au fait d’être cloué au lit et pour longtemps… Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi long à récupérer. Monter un escalier est toujours une épreuve, tu le fais doucement.

Un autre aspect est la perte de goût et d’odorat. Je suis sorti de l’hôpital le 10 avril et je n’ai pas encore retrouvé toutes mes facultés gustatives et olfactives. C’est vraiment long à revenir mais petit à petit, ça revient. Je galère par exemple avec le vin entre du Bordeaux, du Bourgogne ou du Côte du Rhône [rire]. Tout cela nécessite une véritable rééducation. Hier on a bu un Château Neuf du Pape avec un client, il a fallu que je prenne un deuxième verre pour retrouver un peu le goût ! »


Le système de soins a-t-il répondu à vos attentes ? Comment a été la prise en charge ?

SG : « Je suis restée chez moi, j’ai attendu que ça passe et quand la toux et la fièvre se sont accélérées, j’ai appelé le numéro vert 0800 30 800. J’ai eu un échange avec un médecin qui m’a confirmé que j’avais sûrement le Covid-19 et qu’il fallait que je continue comme cela, c’est-à-dire rester chez moi et appeler le 15 au cas où les symptômes évoluaient négativement. J’ai aussi été en contact avec mon médecin généraliste que j’ai vu physiquement hier. »

FC : « La prise en charge a été au top. J’ai fait le 15, puis après, j’ai été suivi tous les jours par téléphone par Covid-Adom. Ils t’appellent tous les jours pour surveiller tes symptômes et prendre de tes nouvelles, surtout pendant la période critique où ton état peut évoluer dans le mauvais sens (entre le 7ème et 10ème jours). A l’hôpital, j’ai eu une très bonne prise en charge aussi. »


Qu’avez-vous appris sur vous en attrapant ce virus ? 

SG : « Très personnellement, ça apprend l’essentiel : tu penses à ta famille, à tes proches, à la d’où tu viens, à des trucs profonds. J’ai une grande envie de me ressourcer dans ma région d’origine, la plus belle, Le Champsaur dans les Hautes-Alpes.»

FC : « Tu relativises l’importance de beaucoup de choses, comme être plus attentif à ses voisins, à les aider, l’entraide prend tout son sens !

Comment allez-vous aujourd’hui ? Sur une échelle  de 1 à 10, à combien estimez-vous être par rapport à avant la maladie ?

SG : « 5 ou 6 ! Mais, il  y a encore quelques jours, j’aurai répondu 0,5 car on se sent vidé. »

FC : « 6 ! Ou un gros mi-temps ! »

Un conseil ?

SG : « Il faut mettre son masque et que tout le monde puisse très vite en disposer, c’est la priorité ! »

FC : « Il faut rester rigoureux sur l’hygiène, notamment en lavant régulièrement ses mains, d’abord pour les autres, c’est un effort collectif important. Ça me fait toujours bizarre que des gens de gauche ne fassent pas ces efforts individuels alors qu’ils servent à tous. »

Est-ce que ça vous a fait changer d’opinions politiques ?

SG : « [Rire] Ça les a renforcés plutôt ! D’ailleurs, j’ai quand même eu le temps de visionner des rediffusions sur Arte, et franchement, je vous conseille le téléfilm sur Marx… -:) Sinon, sur l’aspect politique et sur notre système économique, pour « les jours d’après », je pense que beaucoup est à reconstruire, les richesses qui sont créées doivent aller en direction du service public et donc par exemple de l’hôpital. Comme  à chaque fois en période de crise, les pauvres sont les plus touchés, mais ici en France, notre système assurantiel collectif et de redistribution (indemnités chômage, protection sociale..) ne sont pas si mauvais que cela, ils sont encore de vrais amortisseurs et doivent donc être renforcés plutôt que détricotés. »

FC : « Non pas vraiment ! Je suis juste plus pressé qu’avant de voir plus de projets avancer. Par exemple, sur le vélo : avant on devait s’excuser de devoir prendre un peu plus de place sur l’espace public pour se déplacer à vélo ! Le curseur a bougé avec cette crise, on peut faire avancer rapidement beaucoup plus de choses, notamment en matière de mobilité propre. On se rend donc compte qu’on peut faire de vrais efforts collectifs, ça fait partie des bonnes nouvelles. »

Interview téléphonique réalisée par L. Amadieu le 14 mai 2020

Des nouvelles des résidents de La Maison du Lac : la maison de retraite de Saint-Egrève

[Publié le 07 mai 2020]

Les infos nationales nous annoncent tous les soirs le nombre de morts du Covid-19 à l’hôpital et en maison de retraite. Annonce violente et angoissante. Pourtant, sait-on que, sans Covid, on enregistre chaque jour le décès de 1670 personnes en moyenne dans notre pays ?

Chez nous, à Saint-Égrève, comment est-ce que cela se passe dans l’EHPAD local, la Maison du Lac ?

En temps normal, les visites des familles et des amis sont fréquentes, la maison est ouverte, les bénévoles nombreux, le personnel attentionné, les repas pris en commun et les animations collectives variées. C’est un lieu de soin mais d’abord un lieu de vie que les résidents semblent apprécier.

Avec les consignes gouvernementales pour faire face à l’épidémie, la Maison du Lac a dû fermer ses portes une semaine avant tout le monde, début mars. Plus aucune visite, les résidents sont confinés dans leur chambre, ils prennent leur repas seuls, il n’y a plus d’animations collectives. Les kinés, coiffeurs, pédicures ne viennent plus. Même les couples légitimes ne pouvaient plus se rencontrer ; cette dernière contrainte a été heureusement un peu assouplie récemment !

En perdant l’essentiel de leurs liens sociaux, faute de stimulation, nombreux sont les résidents en EHPAD qui perdent leurs repères, d’autres leurs jambes.

A la Maison du Lac, le personnel essaie de combler ces manques par des visites des animateurs dans les chambres, par quelques contacts avec les familles en liaison visuelle Whatsapp, qui permet de voir son interlocuteur quand la connexion est bonne, ce qui n’est pas toujours le cas. Quelques sorties dans le jardin, toujours accompagnées, ne suffisent pas pour les résidents valides. Cette nouvelle organisation, ainsi que les consignes strictes d’hygiène, demande pourtant beaucoup plus de disponibilité au personnel mobilisé à fond pour que les résidents ne souffrent pas trop de cette situation.

Résultat de ces précautions ou non, il n’y a aucun cas de Covid-19 à la Maison du Lac, ni parmi les résidents, ni parmi le personnel !!

Les consignes gouvernementales évoluent et la vie de la Maison du Lac avec : depuis la dernière semaine d’avril, les kinés sont revenus pour mobiliser leurs patients, les résidents se parlent du couloir à la chambre, les visites des familles sont de nouveau possibles mais extrêmement limitées et dans des conditions difficiles, avec distance, masque et vitre ! Le confinement en chambre devrait bientôt être levé. Va-t-on vers un meilleur équilibre entre sécurité physique et sécurité affective ? Entre protection collective et respect des libertés individuelles ? Après deux mois de confinement, les questions éthiques n’ont pas encore de réponse.

Si vous avez un parent ou des amis qui résident en EHPAD gardez vos liens, téléphonez, envoyez des lettres ; on sait qu’à tout âge, la richesse des liens sociaux est un facteur essentiel du maintien en bonne santé !

Un accueil très particulier mais réussi au centre de loisirs pendant ces vacances de Pâques

[Publié le 29 avril 2020]

Malgré le confinement, le centre de loisirs de l’Association Familiale a accueilli des enfants pendant les 15 jours des vacances scolaires. Durant la 1ère semaine, 12 enfants ont été accueillis : 4 enfants de parents  mobilisés (personnel médical et des forces de l’ordre) et 8 enfants orientés par le Service Local de Solidarité du Département. Les enfants accueillis sont saint-égrèvois. Pour cette 2ème semaine, 12 enfants sont accueillis : 6 enfants du personnel mobilisé et 5 enfants orientés par le Service Local de Solidarité dont un enfant en situation de handicap.

Pour les enfants du personnel mobilisé, l’accueil et le départ sont échelonnés, les horaires sont adaptés aux horaires des parents qui travaillent. Ainsi les enfants peuvent arriver au plus tôt à 7h30 et repartir au plus tard à 18h30. Quant aux enfants orientés par le SLS, les horaires sont fixes : de 9h à 17h.

Ce centre de loisirs est particulier pendant ces vacances car son activité se rapproche plus de la garderie que de l’animation… En effet, pour respecter les gestes barrières, les animateurs qui sont au nombre de 4 cette semaine (3 la semaine précédente), doivent respecter le protocole : masque, désinfection toutes les 2h des locaux et des objets ou jeux touchés, pas de contact avec les enfants… Difficile de faire une chasse au trésor, un épervier… une ronde est faite tous ensemble pour visualiser la distance à respecter entre eux.

Les enfants, entre eux, doivent aussi respecter les distances sauf pour ceux d’une même fratrie qui peuvent jouer ensemble, les autres enfants font des activités en autonomie. Même si les jeux ne peuvent être partagés entre enfants et avec les animateurs, parler, chanter ou raconter des histoires sont toujours une valeur sûre ! Quand un enfant veut jouer à un autre jeu, il lève la main pour signaler qu’il souhaite changer d’activité. L’animateur prend le jeu, le met de côté. L’enfant se lave les mains et peut commencer sa nouvelle activité.

Pour le repas du midi, un traiteur livre les repas à l’espace Europe et ils sont réchauffés par les animateurs dans la cuisine. Les enfants se lavent les mains avant d’aller à table et se les lave à nouveau à la fin du repas. Il a fallu un temps d’adaptation pour tout le monde dans les premiers jours pour passer d’une organisation avec les habitudes de fonctionnement d’un centre de loisir à des pratiques où la distanciation sociale est la règle…

Le centre de loisirs n’est pas facturé aux familles : la Ville de Saint-Egrève et l’Association Familiale ont fait le choix de la gratuité pour tous les enfants.

Pour les enfants accueillis, cet accueil leur permet de voir d’autres enfants, de jouer, d’aller dehors. Même si ce n’est pas un centre de loisirs ordinaire, les enfants sont contents  d’être là !

Pour les animateurs, la préparation des journées n’est pas tout à fait la même… Ils doivent prévoir des jeux tout en prenant en compte le contexte sanitaire.  Ce sont des pratiques à réinventer, de nouvelles organisations à essayer tout en ayant en tête le bien-être de l’enfant.

Cultivons un carré de jardin dans notre copropriété ou entre locataires

Aujourd’hui nous tenons à vous faire partager une initiative dans l’un des quartiers de la commune qui potentiellement peut vous donner des idées pour trouver vous aussi des activités en lien avec vos voisins, tout en respectant les gestes barrières et le confinement.
Cette initiative concerne une copropriété à La Monta. Une famille propose aux copropriétaires d’un immeuble d’investir un carré de verdure pour en faire un petit potager.
Extraits : ” Chers voisins, dans cette période exceptionnelle de confinement à domicile qui risque de durer un certain temps…Cette période est d’autant plus difficile pour ceux en appartement sans jardin. Aussi nous faisons appel à votre solidarité pour nous permettre d’aménager un carré dans l’espace vert situé à côté des poubelles pour y planter quelques fleurs, fraisiers et tomates et permettre aux petits de “gratter la terre”. Ce jardin pourrait être ouvert à tous pour que les familles qui n’ont pas de jardin puissent en profiter. Si vous êtes d’accord et que certains sont intéressés, nous pourrions imaginer une organisation qui nous permette de respecter les règles sanitaires : créneaux horaires, chacun ses outils, etc. ”
Nous saluons ce type d’initiative et vous invitons à nous faire remonter toutes les actions que vous ou des proches auraient pu entreprendre en ce sens.

Merci aux psychologues d’accompagner les personnes fragilisées en période de confinement

Nous souhaitons rendre hommage cette fois-ci aux professionnels dont le travail est l’écoute des habitants pour qui le confinement est un moment particulièrement difficile. Cette aide vous pouvez la solliciter gratuitement auprès de la psychologue qui intervient habituellement à la Maison des Solidarités et des Familles. L’accueil téléphonique est confidentiel et gratuit. Renseignement et rendez-vous téléphonique au 06 48 46 75 94. 
Dans la même optique, Mme Charmion Thompson, psychologue-neuropsychologue (et membre d’Ensemble pour demain) a proposé à la commune son aide pour un soutien en direction de parents et d’enfants qui risquent de très mal vivre le confinement actuel. En effet, comme partout ailleurs, à Saint-Egrève, il existe des enfants avec des troubles de l’attention, de l’hyperactivité, des troubles du spectre autistique, des difficultés d’apprentissage ou des enfants issus de familles en situation de très grande fragilité pour diverses raisons. L’idée est donc d’intervenir en préventif et que les relais tels que les professeurs des écoles soient en capacité de mettre en lien des familles qui semblent en difficultés avec cette aide ponctuelle et professionnelle le temps de passer ce moment délicat.

Lettre d’une habitante de Saint-Egrève, candidate d’Ensemble pour demain

[Publié le 03 avril 2020]

“Une lettre pas forcément neutre mais plutôt un peu piquante pour réveiller les consciences ? J’ai adoré la lettre “coup de gueule” de Coline Serreau.

Alors je m’exprime aussi, dans cette tribune libre, donc qui n’engage que moi !

L’attention aux autres, le respect, la solidarité sont des valeurs qui m’importent et importent à notre collectif. Comment les mettre en œuvre en temps de confinement pendant la pandémie de Covid-19 ?

Parfois, durant ma sortie sportive dans mon quartier de Rochepleine, il me prend l’envie de crier tout fort et des réponses me parviennent des balcons :

– “Avez-vous besoin d’attestations ?

– Non, la voisine m’en donne !

– Où sont passés les enfants ?

– On est là et ça va !”

Propos rassurants ! Vraie ou fausse inquiétude, de ma part ?

Il est vrai que j’ai peur des dommages collatéraux, après ce confinement de plusieurs semaines déjà…

Je pense surtout aux Gens qui sont enfermés dans de petits appartements, seul.e.s ou avec des enfants. Les “Gens”, je n’aime pas employer ce terme.

Alors, je vais parler de mes proches.

– Ma soeur vit seule dans une cité HLM. Personne à risque, elle sort peu. Pourtant, la plupart du temps, elle se sent bien, soutenue par le biais du téléphone car la famille, les ami.e.s sont très présent.e.s autour d’elle. Son voisin lui a même proposé de lui faire ses courses…

Et dire que certain.e.s désespèrent encore du genre humain et discriminent les habitants des cités en disant qu’ils ne sont pas capables de se confiner d’eux-mêmes sans mesure de coercition !

En effet, je n’aime pas dire “Les Gens” mais je n’aime pas non plus parler négativement des “Autres”. L’Autre plus fragile qui sert parfois à me valoriser, Moi, un peu plus.

Acceptons les différences !

Ici dans notre ville comme ailleurs, ayons du discernement et soyons attentifs à ne pas appliquer à un tout un groupe, les dérives de quelques-uns !

Evitons les clichés et soyons critiques quand des mesures policières plus appuyées s’appliquent dans certains quartiers. Des articles sérieux et documentés ont été publiés dans Médiapart les 24 et 28/03 à propos de dérives répressives dans des quartiers populaires. J’y suis sensible.

De fait, le confinement est accepté par 97% des français (chiffres que je considère comme fantaisistes. Mais ça fait plus sérieux). Qui ne souhaite pas se protéger et protéger ses enfants ?

Pour aller plus loin, je pense aussi que remplir l’”Attestation de déplacement dérogatoire” chaque jour me semble disproportionnée. Elle n’existe pas dans d’autres pays.

Appliquons strictement les gestes barrières ! Evaluons les risques de dérives autoritaires !

Après cette diversion, je reprends :

– Ma mère est en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Le personnel, très dévoué, nous la passe régulièrement au téléphone, humainement, sans se cacher derrière un règlement strict. Quel bonheur !

Cela limitera peut-être les dégâts psychiques de l’isolement puisque les visites sont interdites depuis le 11 mars, à juste titre.

Je rêve d’envoyer à son EHPAD une tablette numérique, pour pouvoir communiquer en vidéo avec elle. Mais ça semble encore un peu futuriste…Prenons le meilleur des technologies du numérique !

D’autre part, j’aimerais être prévenue si le coronavirus entre dans son EHPAD. Mais n’est-ce un voeu pieux ?

Ainsi, je suis sensible depuis longtemps au parler vrai. Et il me semble important de ne pas cacher les réalités à celles, ceux qui souhaitent les connaître pour mieux se préparer à affronter une situation difficile.

Et cela me renvoie plus largement à une autre question : pourquoi n’a-t-on pas annoncé la pénurie de masques et de tests dès le début de notre confinement ? Pourquoi n’a-t-on pas dit que c’est l’impossibilité du dépistage qui a conduit nos gouvernants à choisir pour les français, un confinement presque total ? Ce manque de franchise augmente forcément et malheureusement notre part de suspicion face à nos gouvernants.

Chacun, comme moi, se fait son idée de la situation à partir de ses différents canaux d’information. Et c’est bien ! Mais on doit aussi s’efforcer de garder l’esprit critique, de ne pas transférer impulsivement des fake news et de faire barrage aux thèses complotistes !

Informons-nous ! Echangeons nos idées !

Avec notre collectif “Ensemble pour demain, un projet solidaire et écologique à Saint-Egrève”, nous allons nous battre, quand nous serons élus (!), pour développer des relations d’entraide.

Ainsi, j’ai cherché à rendre service. Et le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Saint-Egrève m’a donné les coordonnées d’une dame âgée considérée comme “à risque” en cas d’atteinte au coronavirus. Je prends un réel plaisir à lui faire ses courses et à communiquer avec elle par téléphone. Une belle aventure humaine à côté de chez moi !

J’aimerais aider, parce que j’en ai les compétences, un enfant de mon quartier à faire ses devoirs, par téléphone. Mais je n’ai pas encore trouvé à qui m’adresser ! Pourquoi n’existe-t-il pas par quartier une plateforme sur internet pour mettre les besoins et les propositions d’aide en face à face ?

Transformons cette période de confinement en plus d’ouverture avec nos proches et plus largement LES proches. Sortons-en grandis ! Coline Serreau a parlé. J’ai écrit. Alors écrivons !” Aïcha M’ lizi le 3 avril 2020