[Publié le 03 avril 2020]
“Une lettre pas forcément neutre mais plutôt un peu piquante pour réveiller les consciences ? J’ai adoré la lettre “coup de gueule” de Coline Serreau.
Alors je m’exprime aussi, dans cette tribune libre, donc qui n’engage que moi !
L’attention aux autres, le respect, la solidarité sont des valeurs qui m’importent et importent à notre collectif. Comment les mettre en œuvre en temps de confinement pendant la pandémie de Covid-19 ?
Parfois, durant ma sortie sportive dans mon quartier de Rochepleine, il me prend l’envie de crier tout fort et des réponses me parviennent des balcons :
– “Avez-vous besoin d’attestations ?
– Non, la voisine m’en donne !
– Où sont passés les enfants ?
– On est là et ça va !”
Propos rassurants ! Vraie ou fausse inquiétude, de ma part ?
Il est vrai que j’ai peur des dommages collatéraux, après ce confinement de plusieurs semaines déjà…
Je pense surtout aux Gens qui sont enfermés dans de petits appartements, seul.e.s ou avec des enfants. Les “Gens”, je n’aime pas employer ce terme.
Alors, je vais parler de mes proches.
– Ma soeur vit seule dans une cité HLM. Personne à risque, elle sort peu. Pourtant, la plupart du temps, elle se sent bien, soutenue par le biais du téléphone car la famille, les ami.e.s sont très présent.e.s autour d’elle. Son voisin lui a même proposé de lui faire ses courses…
Et dire que certain.e.s désespèrent encore du genre humain et discriminent les habitants des cités en disant qu’ils ne sont pas capables de se confiner d’eux-mêmes sans mesure de coercition !
En effet, je n’aime pas dire “Les Gens” mais je n’aime pas non plus parler négativement des “Autres”. L’Autre plus fragile qui sert parfois à me valoriser, Moi, un peu plus.
Acceptons les différences !
Ici dans notre ville comme ailleurs, ayons du discernement et soyons attentifs à ne pas appliquer à un tout un groupe, les dérives de quelques-uns !
Evitons les clichés et soyons critiques quand des mesures policières plus appuyées s’appliquent dans certains quartiers. Des articles sérieux et documentés ont été publiés dans Médiapart les 24 et 28/03 à propos de dérives répressives dans des quartiers populaires. J’y suis sensible.
De fait, le confinement est accepté par 97% des français (chiffres que je considère comme fantaisistes. Mais ça fait plus sérieux). Qui ne souhaite pas se protéger et protéger ses enfants ?
Pour aller plus loin, je pense aussi que remplir l’”Attestation de déplacement dérogatoire” chaque jour me semble disproportionnée. Elle n’existe pas dans d’autres pays.
Appliquons strictement les gestes barrières ! Evaluons les risques de dérives autoritaires !
Après cette diversion, je reprends :
– Ma mère est en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Le personnel, très dévoué, nous la passe régulièrement au téléphone, humainement, sans se cacher derrière un règlement strict. Quel bonheur !
Cela limitera peut-être les dégâts psychiques de l’isolement puisque les visites sont interdites depuis le 11 mars, à juste titre.
Je rêve d’envoyer à son EHPAD une tablette numérique, pour pouvoir communiquer en vidéo avec elle. Mais ça semble encore un peu futuriste…Prenons le meilleur des technologies du numérique !
D’autre part, j’aimerais être prévenue si le coronavirus entre dans son EHPAD. Mais n’est-ce un voeu pieux ?
Ainsi, je suis sensible depuis longtemps au parler vrai. Et il me semble important de ne pas cacher les réalités à celles, ceux qui souhaitent les connaître pour mieux se préparer à affronter une situation difficile.
Et cela me renvoie plus largement à une autre question : pourquoi n’a-t-on pas annoncé la pénurie de masques et de tests dès le début de notre confinement ? Pourquoi n’a-t-on pas dit que c’est l’impossibilité du dépistage qui a conduit nos gouvernants à choisir pour les français, un confinement presque total ? Ce manque de franchise augmente forcément et malheureusement notre part de suspicion face à nos gouvernants.
Chacun, comme moi, se fait son idée de la situation à partir de ses différents canaux d’information. Et c’est bien ! Mais on doit aussi s’efforcer de garder l’esprit critique, de ne pas transférer impulsivement des fake news et de faire barrage aux thèses complotistes !
Informons-nous ! Echangeons nos idées !
Avec notre collectif “Ensemble pour demain, un projet solidaire et écologique à Saint-Egrève”, nous allons nous battre, quand nous serons élus (!), pour développer des relations d’entraide.
Ainsi, j’ai cherché à rendre service. Et le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Saint-Egrève m’a donné les coordonnées d’une dame âgée considérée comme “à risque” en cas d’atteinte au coronavirus. Je prends un réel plaisir à lui faire ses courses et à communiquer avec elle par téléphone. Une belle aventure humaine à côté de chez moi !
J’aimerais aider, parce que j’en ai les compétences, un enfant de mon quartier à faire ses devoirs, par téléphone. Mais je n’ai pas encore trouvé à qui m’adresser ! Pourquoi n’existe-t-il pas par quartier une plateforme sur internet pour mettre les besoins et les propositions d’aide en face à face ?
Transformons cette période de confinement en plus d’ouverture avec nos proches et plus largement LES proches. Sortons-en grandis ! Coline Serreau a parlé. J’ai écrit. Alors écrivons !” Aïcha M’ lizi le 3 avril 2020