[Publié le 13 mai 2020]
Si le gouvernement français avait déjà bien égratigné le droit fondamental à l’éducation publique et gratuite en augmentant les frais de scolarité universitaires et plus, en en limitant l’accès via le système ParcourSup, la crise du coronavirus n’a rien amélioré. Tous les secteurs ont été mis à l’arrêt pendant le confinement, et celui de l’éducation supérieure n’a pas été épargné.
Le statut des étudiants les plus précaires s’est dégradé ; beaucoup ont perdu leurs jobs étudiants qui leur permettaient de survivre, et le faible montant de l’aide de l’Etat, allouée aux quelques chanceux bénéficiaires, ne suffira pas à masquer les difficultés réelles supportées par les jeunes.
Leurs conditions d’études ont été bien mises à mal. Certains cours magistraux ont parfois pu être aménagés, donnés en version écrite numérique ou en visioconférence, mais les travaux dirigés ont souvent été simplement annulés. Les cours en visioconférence posent d’ailleurs un problème commun à l’éducation de tout âge, celui de l’accès au numérique qui entraine une distanciation entre étudiants encore plus sévère. Certains syndicats étudiants universitaires ont d’ailleurs demandé l’annulation des partiels « en ligne » au profit du contrôle continu, à l’image de ce qui a été fait pour les BTS.
En période de confinement, et avec la situation actuelle de stress sanitaire, s’intéresser à des cours en ligne est parfois difficile. Certains étudiants ne s’habituent pas au rythme et à la rigueur que demande ce type d’exercice, d’autres n’ont pas le cadre et le calme nécessaires pour étudier qu’ils retrouvaient dans les bibliothèques universitaires en d’autres temps.
Selon un sondage réalisé auprès de 4580 étudiants en droit, 94% d’entre eux estiment que le confinement a eu un impact sur leur santé mentale, 1 étudiant sur 2 a connu une période dépressive pendant le confinement et 1 étudiant sur 10 avoue même avoir besoin d’un soutien psychologique. Selon cette même étude, 62% des étudiants se sentent plus anxieux et 58% sont plus tristes. (www.pamplemousse-magazine.co/post/covid19-etudiant-periode-depressive-confinement).
Beaucoup s’inquiètent de leur avenir.
Pour certains, le manque d’information est compliqué à gérer, notamment au sujet des modalités d’examens qui ont complétement changé en quelques semaines, anéantissant leurs révisions précédentes (d’une dissertation à un QCM à points négatifs, d’un cas pratique à un oral en visio, etc…), et augmentant leur peur de rater leurs examens.
Pour les étudiants ERASMUS, partis vivre une expérience internationale, c’est souvent un rapatriement forcé.
Pour d’autres c’est un stage pratique de fin de cursus qui a été écourté ou exécuté dans des conditions éloignées du réel, en télétravail.
Parmi les étudiants en fin de cursus universitaire, beaucoup se questionnent sur la valeur de leurs futurs diplômes auprès des professionnels, compte tenu des conditions dans lesquelles ils les auront obtenus.
Marie, qui habite au Pont-de-Vence, est en deuxième année d’école d’infirmière. Pour elle, être obligée d’être devant l’écran à des horaires fixes, et le manque de relations sociales avec ses copines et ses formateurs a été compliqué.
Ses partiels ont aussi été chamboulés. Certains examens sont devenus des travaux de groupe à réaliser par internet, en visio, dans un temps limité. Des examens pratiques sont devenus théoriques : « au lieu de réaliser une transfusion sanguine, on a dû expliquer chacune des étapes par cœur, selon des photos que l’examinateur nous montrait. Ça a été beaucoup plus difficile ».
Pourtant, si les étudiants espéraient leur cauchemar terminé à la fin de l’année scolaire, le gouvernement a déjà annoncé que la rentrée universitaire 2020 ne serait pas reportée, mais que les enseignements à distance seraient maintenus pour éviter les amphithéâtres bondés.
A terme, les étudiants devront donc s’habituer à un nouveau type d’apprentissage ; loin des campus et des relations sociales permises par l’enseignement en présentiel. Il sera alors du devoir du gouvernement de prendre en compte cette détresse psychologique ressentie par les étudiants du fait de leur isolement et de l’enseignement à distance, pour trouver une solution plus saine, afin de préserver la santé mentale de tous, tout en maintenant les moyens de lutte contre le coronavirus.